Il faut moraliser la vie politique. Le Président de la République annonce un « choc de moralisation« . Il promet des règles impitoyables contre la fraude fiscale et la corruption et condamne fermement l’erreur d’un homme en qui il aurait mis sa confiance. Harlem Désir, propose au nom du parti socialiste un référendum sur la moralisation de la vie publique et l’opposition affirme pour sa part que le gouvernement ne va pas assez loin dans l’expiation de la faute morale commise par l’ex ministre du budget.
Il y a dans cette vague moralisatrice comme un écho des passions de la cité de Florence au temps de la Renaissance.
La ville toute entière avait alors suivi avec passion les sermons enflammés du moine Savonarole contre le luxe et les tentations païennes. Après avoir chassé les trop encombrants Médicis, la ville était devenue une « république chrétienne ». Dans sa quête d’une société parfaitement morale, elle avait dressé un grand bûcher des vanités pour y brûler toutes les traces d’un luxe corrupteur. Le peintre Botticelli lui-même y avait porté certaines de ses œuvres, devenues trop païennes à son goût.
Les promesses d’un retour absolu à la vertu n’ont cependant qu’un temps. Lassés de l’austérité, les jeunes florentins se sont révoltés contre Savonarole. Ils ont rétabli les jeux et les danses. La ville s’est alors retournée contre celui a qui elle avait demandé de lui enseigner une pureté inflexible.
Promettre une vertu parfaite après une faute morale n’est sans doute pas le meilleur moyen d’éviter de retomber dans les erreurs passées.
Certains voient dans cette affaire le lynchage d’un homme par un monde généralement très permissif, mais qui ne sait rien pardonner. Pour sortir de cette alternance entre permissivité et vagues de puritanisme, il devrait pourtant être possible de trouver les chemins d’une réforme plus progressive et plus profonde du comportement des hommes publics.
Images : Langenmantel, Botticelli