« C’est inéluctable, on n’y peut rien, il n’est pas possible de changer les choses ou de résister au mal. » Ce désenchantement reste largement présent dans les manuels d’histoire. Ils décrivent en effet largement des phénomènes négatifs et donnent très peu de place à ceux qui cherchent à les combattre par l’exemple, la lutte collective ou le courageux don de soi.
C’est particulièrement le cas dans le traitement réservé aux « Justes » qui ont risqué leur vie pour sauver ceux qui étaient pourchassés par les nazis. Ceux ci étaient bien rares dans les manuels de première publiés en 2011, ils sont carrément absents de deux des manuels de première S publiés en 2013.
Dans l’un d’entre eux, sur dix pages consacrés au génocide des juifs, pas un geste pour aider et secourir ceux qui sont pourchassés et massacrés n’est présenté. On y voit seulement des femmes qui pleurent en apprenant le massacre de Babi Yar. Il est alors difficile pour les élèves de comprendre les pourcentages de victimes donnés un peu avant : 28% en France, 71% aux Pays-Bas et 0% au Danemark (non souligné par le livre). Le rôle des « justes » et leurs possibilités plus ou moins larges d’action selon les pays sont en effet une des explications de ces différences de nombre de victimes.
Un manuel plus ancien (Nathan Cote, 1e, 2011) montre pourtant qu’il est possible de donner une image diversifiée de ceux qui ont eu le courage de s’engager pour sauver des juifs. On peut seulement regretter qu’il oublie le geste exceptionnel de Maximilien Kolbe, qui fait lui aussi partie de la réalité des camps.